Paru le 26 juin 2021 dans le journal « L’Union du Cantal », par Patricia Olivieri.

Concepteur de machines spéciales automatisées et robotisées, la société MécaTheil déroule les projets à la chaîne, en France et à l’international, et se lance dans les structures modulaires.

Reproduire ou modifier l’existant ? Très peu pour MécaTheil. Ici, on fait du sur-mesure, de la « dentelle » industrielle, de l’inédit, de l’ambitieux, du loufoque aussi… dans tous les cas de l’innovant en réponse à des besoins très spécifiques de clients, avec le souci permanent de l’optimisation, de la productivité et de l’ergonomie. Ici, pas question de ronronner, de se glisser dans les moules, ni de subir les crises. De la machine pour percer des cierges, remplir les réchauds installés dans les vignes, usiner un pont, découper une fourme de cantal, graver des gaines en caoutchouc… ou encore soulager les étapes les plus physiques de la fabrication fermière du salers : la palette des projets et réalisations de la PME vézienne est des plus éclectiques.

Créée à la fin des années 90 par le père d’Olivier Theil, actuel dirigeant, MécaTheil a construit son essor* sur une double spécificité : en premier lieu, un savoir-faire reconnu dans la conception et la fabrication de machines spéciales dans les domaines de la robotique et des automatismes. Savoir-faire doublé des compétences d’un bureau d’études intégré à l’entreprise. « Nous disposons en interne de tous les métiers pour mener un projet de A à Z : pré-étude, conception intégrant les volets mécaniques, électrique, automatisation, atelier métallerie, d’usinage, de montage, programmation, mise au point, SAV, maintenance… » liste Olivier Theil, dont les clients sont avant tout des grands comptes des secteurs plasturgie-caoutchouc œuvrant pour l’industrie de l’automobile, de l’aéronautique, du ferroviaire, de la cosmétique.

Bientôt une filiale au Maroc

MécaTheil (34 salariés) s’est également fait un nom dans l’agroalimentaire et auprès des industriels du tertiaire, à commencer par l’entreprise Matière. Un compatriote-client à qui MécaTheil doit ses premiers pas à l’export en Indonésie. Le développement à l’international a ensuite été opéré avec des unités de fabrication implantées à l’étranger « par de grands groupes avec lesquels on travaillait déjà en France ». Le réseautage, les partenariats ont fait le reste comme avec REP International, une entreprise lyonnaise spécialisée dans les presses à injecter le caoutchouc. « On vient de prendre de grands projets ensemble en France et à l’international » indique le patron de MécaTheil, qui était l’été dernier aux Emirats avec un autre partenaire expert de la soudure par ultrasons. Partenaire avec lequel MécaTheil a conçu de petits boitiers robotisés utilisés dans le cadre des tests de dépistage du Covid.

Un quart du chiffre d’affaires de la PME cantalienne est aujourd’hui engrangé à l’export, une part qui pourrait encore croître avec l’implantation, à l’étude, d’une filiale au Maroc avec deux industriels locaux. Ce projet retardé par la crise sanitaire qui a aussi valu à la société un recul de 15% de son chiffre d’affaires en 2020.

« Pas vocation à doubler »

Installée depuis novembre dans son nouveau vaisseau amiral de 2 200 m² dans la zone d’activité intercommunale à l’entrée de Lafeuillade-en-Vézie, l’industriel a désormais suffisamment d’espace pour rebondir, nourrir et assouvir de nouveaux et multiples projets. « MécaTheil n’a pas vocation à doubler son activité, car à chaque nouveau projet de machine spécialisée qu’on développe, surtout dans un contexte de marché économique qui se tend, on a neuf chances sur dix de perdre de l’argent… », analyse Olivier Theil, qui, pour tamponner cette prise de risques, a décidé de développer une économie de production. « On va rester sur 3 M€ de chiffre d’affaires sur notre savoir-faire historique, la conception de machines spéciales, et développer l’activité sur la production et des produits catalogue. »

Catalogue qu’a intégré le prototype conçu pour assurer le pliage des intercalaires insérés entre les deux feuilles d’un double vitrage. « On a commencé à travailler dessus en 2012 suite à des échanges avec l’un de nos clients, le site Saint-Gobain de Montmurat », explique le dirigeant. Il a fallu un peu plus de deux ans pour mettre au point cette machine, mise sur le marché en 2017 et brevetée au niveau français et européen. « On est aujourd’hui en train de fabriquer le quatrième exemplaire et on attaque le marché français et européen », poursuit celui qui consacre chaque année 0.8M€ au secteur R&D.

ModulTheil : des maisons clé en main

Insatiable et infatigable entrepreneur, Olivier Theil a également profité du confinement pour finaliser un autre pari : la naissance de ModulTheil, une petite sœur de MécaTheil, spécialisée dans des structures modulaires. A peine validé, son prototype de maison modulaire à ossature métallique, prête à livrer avec chauffage, robinetterie, salle de bains… a déjà tapé dans l’œil de bailleurs sociaux. Près de 30 unités ont déjà été commandées dans le cadre d’un partenariat avec le constructeur Raymond-Raynal. « Nous sommes associés sur ce dossier, précise Olivier Theil. A chacune son métier : nous on livre le produit brut, eux s’occupent de la vente et, en amont, de out ce qui est terrain, fondations, réseaux mais aussi finitions. » Aux dernières normes thermiques, rapides à monter, ces maisons, proposées en plusieurs modèles ( de 70 à 140 m²), répondent à un réel besoin à un coût abordable (100 000 € TTC pour 75 m²). « On attend d’avoir la garantie décennale pour attaquer le marché », indique le chef d’entreprise, déjà accaparé par un projet encore bien plus amitieux… avec un autre partenaire cantalien.

* Croissance annuelle de + 10 à  + 15% hormis en 2020

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Démarche RSE

Un bâtiment autonome

« On a mis le paquet sur la RSE », affiche Olivier Theil, en référence aux caractéristiques remarquables des nouveaux locaux de l’entreprise, un atelier relais porté par la Châtaigneraie cantalienne qui a conclu avec l’entreprise un crédit-bail immobilier sur 15 ans. La structure est dotée de panneaux photovoltaïques d’une puissance de 60 kWc dont l’électricité générée est quasi intégralement autoconsommée dans les ateliers. Ces derniers sont climatisés grâce à des échangeurs thermiques haut de gamme sous la toiture. Un système de récupération des eaux de toiture permet en outre d’alimenter les machines de production, les sanitaires… Afin d’attirer et fidéliser les salariés, six bornes électriques leur sont mises gracieusement à disposition (ainsi qu’aux clients et fournisseurs), ils bénéficient en outre d’une offre de location de véhicule très avantageuse…